Qui a peur du deuxième sexe ?

Publié le par Sophie S.Nob.

Le livre de Cécile Daumas, s'adresse à la poignée d’irréductibles «rétrosexuels» et autres réfractaires de tout poil à une féminisation de la société. Que ces nostalgiques -accrocs à l'ordre viril- se rassurent :

la France aura peut-être une présidente de la République le 6 mai 2007- le livre s'ouvre sur la victoire de Ségolène Royal, « l'arbre qui cache la forêt d'hommes ! »- mais le pouvoir ne se conjugue pas encore au féminin, malgré d'indéniables évolutions. Si son côté «bonne mère de famille » semble déranger, qui viendrait reprocher à Nicolas Sarkozy d'être dans le registre paternel ? Ségolène, elle, est forcément une mère autoritaire, dangereuse…

L’ouvrage balaye donc un certain nombre de réflexions sur le statut des femmes dans la société française, leur poids au sein des élites politique, économique et intellectuelle, l'héritage actuel du mouvement féministe des années 1970, les nouvelles formes de l'émancipation féminine, etc. Et, dans cette analyse lucide et - parfois - amère, Cécile Daumas dresse, chiffres à l'appui, un état des lieux qui laisse peu de place au doute.

Si les choses ont bien évoluées depuis les années 60, en les regardant bien dans le détail, on voit que la société est encore très clivée. Les femmes ne sont que 12% à l'Assemblée nationale. Et combien dirigent une entreprise du CAC 40 ? Combien sont éditorialistes dans de grands journaux? Les femmes représentent 80% des bas salaires et 82% des temps partiels.

Parrallelement à ce constat, on dit que dans la sphère privée, les rôles se sont rapprochés, on parle même des « papas poussette », des nouveaux pères. Mais la statistique est moins glorieuse, Cécile Daumas, la recentre vite : « entre 1986 et 1999, les hommes ont consacré à l'éducation des enfants une minute de plus par jour en moyenne. Parallèlement, les femmes sont matraquées par le modèle maternel : pour être une vraie femme, il faut être mère - c'est la plus belle aventure de votre vie, leur dit-on sans cesse. »

Faut-il pour autant revenir aux schémas datés: les hommes au travail et au bor…l, les femmes à la maison ? L'émancipation des femmes a eu des excès, des ratés, mais est-ce une raison pour la laisser tomber ?

Pour l’auteur, il convient de libérer les deux sexes des stéréotypes, cesser de réduire les hommes au travail et les femmes à la maternité, leur permettre d'assumer tous les deux leur rôle de parents. Après tout, comme disait Henry Kissinger: «Il n'y aura pas de vainqueur dans la guerre des sexes. Les ennemis ont un peu trop tendance à fraterniser.» Les hommes aussi ont quelque chose à gagner dans la parité, ils pourraient être moins dans la course ou dans la compétition, poser un peu leurs valise, pour plus de bonheur.

Ce livre est donc la réponse de la bergère aux bergers. «Les femmes disposeront réellement de la liberté des hommes le jour où des incompétentes seront régulièrement nommées à des postes à responsabilité», conclut-elle, à l’image de Françoise Giroud.

Le jour, aussi, où il ne sera plus nécessaire de célébrer le 8 mars, la Journée internationale de la femme.

Cécile Daumas sera au Salon du Livre qui se tient du

23 au 27 mars 2007, dans le cadre de la conférence « Politique des femmes »

Retrouvez tous les livres sélectionnés par IAH sur le site officiel :

Le cercle des femmes qui en ont !

 

Publié dans CULturelles

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Quelle clairvoyance... quelle voyance... A la cuisine, les femmes. Allez hop !
Répondre